J'ai peur de reprendre le travail après un arrêt maladie,
que faire ?

L’arrêt maladie touche à sa fin. Votre médecin vous a donné le feu vert pour reprendre votre activité professionnelle. Pourtant, une boule se forme dans votre ventre quand vous pensez à ce retour. Vous vous posez mille questions : vais-je être à la hauteur ? Mes collègues vont-ils me juger ? Mon poste a-t-il évolué en mon absence ?

Cette appréhension est plus fréquente qu’on ne le pense. Pour 1 salarié sur 8 (13 %), le retour en entreprise après un arrêt de travail s’est mal passé, selon une étude de Malakoff Humanis*. Ce chiffre montre que vous n’êtes pas seul dans cette situation et que ces craintes sont légitimes.

Reprendre le travail après un arrêt maladie n’est jamais anodin. Qu’il ait duré quelques semaines ou plusieurs mois, cette transition mérite d’être préparée avec soin. Voyons ensemble comment aborder cette étape en toute sérénité et quelles solutions s’offrent à vous si les choses ne se passent pas comme prévu.

Comment bien préparer la reprise du travail ?

La préparation est la clé d’un retour réussi. Plus vous anticipez, plus vous mettez les chances de votre côté pour que cette reprise se déroule dans de bonnes conditions.

Faire le point sur vos sentiments

Avant toute chose, accordez-vous un moment pour identifier vos émotions. Qu’est-ce qui vous fait peur ? La perte de compétences ? Le regard des autres ? La charge de travail qui s’est accumulée ?

Soyez honnête avec vous-même : votre corps a-t-il récupéré ? Votre moral tient-il la route sur plusieurs jours d’affilée ? Cette introspection n’est pas du temps perdu, c’est un investissement dans votre réussite.

Une fois ces craintes identifiées, demandez-vous si vous pouvez agir dessus. Si vous redoutez d’avoir pris du retard techniquement, renseignez-vous sur les évolutions qui ont eu lieu en votre absence. Si c’est le regard des autres qui vous inquiète, rappelez-vous que la plupart de vos collègues seront bienveillants et contents de vous revoir.

Cette prise de recul vous permettra de distinguer les peurs fondées de celles qui sont irrationnelles et de vous concentrer sur ce qui compte.

Profiter des dispositifs d'accompagnement

Pour les arrêts de plus de 30 jours, vous avez droit à un rendez-vous de liaison. Ce rendez-vous a pour but d’informer le salarié des accompagnements dont il peut bénéficier : actions de prévention de la désinsertion professionnelle, examen de préreprise, mesures d’aménagement.

La visite de préreprise est un autre dispositif précieux. Elle peut être organisée pendant votre arrêt, à votre demande ou à celle de votre médecin traitant. La visite médicale de préreprise peut permettre de vous rassurer mais aussi de prévoir des adaptations de votre poste et de votre temps de travail. Ces moments d’échange avec le médecin du travail vous aident à clarifier vos attentes et à identifier les aménagements nécessaires pour votre retour.

L’anticipation du côté employeur

Votre employeur a aussi un rôle à jouer dans cette préparation. Il doit sensibiliser les équipes à votre retour, adapter le rythme de travail si nécessaire et prévoir les aménagements de poste recommandés par le médecin du travail.

N’hésitez pas à prendre contact avec votre manager ou les ressources humaines avant votre retour. Cette conversation peut sembler intimidante, mais elle est précieuse. Vous découvrirez peut-être que l’équipe a évolué, que de nouveaux outils ont été mis en place ou que votre poste de travail a connu des ajustements.

Cette prise d’information vous évitera les mauvaises surprises le jour J. Vous pourrez aussi exprimer vos besoins : besoin d’une remise à niveau sur certains aspects, d’une montée en charge progressive, ou d’aménagements spécifiques. Mieux vaut prévenir que guérir, et cette transparence sera appréciée par votre hiérarchie.

Les premiers pas de votre retour en poste

Une fois de retour dans l’entreprise, plusieurs dispositifs peuvent vous accompagner pour faciliter cette réintégration.

La visite de reprise, un passage obligé

Pour certains arrêts, la visite de reprise est obligatoire. Elle concerne :

  • Toutes les femmes revenant de congé maternité,
  • Les salariés revenant d’un arrêt maladie de plus de 60 jours,
  • Les salariés ayant été absents pour maladie d’origine professionnelle (sans condition de durée),
  • Les salariés revenant d’un arrêt de 30 jours suite à un accident du travail.

 

Cette visite doit avoir lieu dans les 8 jours qui suivent votre retour effectif. Elle permet au médecin du travail d’évaluer votre aptitude à reprendre votre poste et de recommander d’éventuels aménagements.

Bon à savoir : si vous reprenez avant la fin de votre arrêt, vous devez prévenir votre CPAM (Caisse primaire d’assurance maladie) dans les 24h. Votre employeur doit aussi les informer dans les 5 jours.

Maintenir le dialogue avec votre équipe

Le dialogue régulier avec votre manager et les ressources humaines est essentiel. Ces échanges permettent de faire le point sur votre état de forme, vos besoins et l’évolution de votre situation.

Si l’entreprise reste à l’écoute des attentes et besoins du salarié pour le réintégrer dans les meilleures conditions, celui-ci pourra gagner en confiance et se sentir soutenu.

Bénéficier d'un accompagnement personnalisé

Selon votre situation, différents accompagnements peuvent vous être proposés :

  • Accompagnement par l’Assurance Maladie : pour prévenir le risque de désinsertion professionnelle,
  • Prestations spécialisées : médiation, ingénierie relationnelle,
  • Accompagnements pour les personnes en situation de handicap : via l’Agefiph ou Cap Emploi,
  • Formation et mise à niveau : si vous ressentez le besoin de vous remettre à jour.

 

Ces soutiens ne sont pas des signes de faiblesse, mais des outils précieux pour réussir votre retour au travail. 

Pour aller plus loin : consultez le site ameli.fr pour connaître en détail tous vos droits et les démarches administratives liées à votre reprise.

Que faire si la reprise ne se passe pas comme prévu ?

Malgré toute la préparation, il arrive que la reprise soit plus difficile que prévu. Dans ce cas, plusieurs options s’offrent à vous pour trouver une solution adaptée.

Demander la reconnaissance de travailleur handicapé (RQTH)

Si votre maladie a des répercussions durables sur votre capacité de travail, vous pouvez faire une demande de RQTH auprès de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) de votre département. Cette reconnaissance ouvre droit à des aménagements de poste et à des aides financières pour votre employeur. Elle peut considérablement améliorer vos conditions de travail et faciliter votre maintien dans l’emploi.

Envisager le temps partiel thérapeutique

Préconisé par votre médecin traitant, ce mi-temps vous permet de reprendre le travail progressivement suite à une maladie professionnelle ou ordinaire, suite à un accident du travail ou de la vie courante.

Le mi-temps thérapeutique constitue un pont entre l’arrêt total et la reprise complète. Il vous permet de retrouver le rythme en douceur tout en continuant à percevoir des indemnités journalières pour compenser la perte de salaire.

Obtenir un avis d'inaptitude si nécessaire

Si votre état de santé ne vous permet plus d’occuper votre poste actuel, le médecin du travail peut vous déclarer inapte. Cette décision entraîne l’obligation pour votre employeur de vous proposer un reclassement dans un poste adapté.

Si aucun reclassement n’est possible, cela peut conduire à un licenciement pour inaptitude avec des indemnités spécifiques.

Les solutions de long terme

Pour les situations les plus complexes, d’autres dispositifs existent :

  • Pension d’invalidité : jusqu’à 62 ans si votre capacité de travail est réduite de façon permanente,
  • Retraite pour inaptitude au-delà de 62 ans.

 

Ces solutions constituent des filets de sécurité quand le maintien dans l’emploi n’est plus possible.

Retrouver confiance et sérénité

La peur de reprendre le travail après un arrêt de travail est une réaction normale qui touche de nombreux salariés. Cette appréhension ne doit pas vous faire culpabiliser, mais vous inciter à bien préparer cette étape importante.

La clé d’une reprise réussie réside dans l’anticipation et la communication. Les dispositifs d’accompagnement existent pour vous soutenir : rendez-vous de liaison, visites de préreprise, accompagnements personnalisés. N’hésitez pas à les utiliser.

Si malgré toute votre préparation, la reprise s’avère compliquée, rappelez-vous que des solutions existent. Du temps partiel thérapeutique à la reconnaissance de travailleur handicapé, en passant par le reclassement, plusieurs options peuvent vous aider à retrouver votre place dans le monde professionnel.

Votre santé doit rester la priorité. Un retour trop précoce ou dans de mauvaises conditions risque de compromettre votre rétablissement. Prenez le temps nécessaire pour revenir serein et confiant.

Vous n’êtes pas seul dans cette démarche. Les professionnels de santé, votre employeur et les organismes spécialisés sont là pour vous accompagner vers un retour à l’emploi réussi et durable.

Si cette expérience vous fait réfléchir sur votre orientation professionnelle ou que vous souhaitez donner un nouveau sens à votre carrière, un bilan de compétences peut vous aider à faire le point. ASENSILE peut vous accompagner dans cette démarche de changement et de reconstruction professionnelle (avec un parcours adapté pour les personnes en situation de handicap).

*Source : Malakoff Humanis