J’ai un manager toxique, que faire ?
Vous vous levez chaque matin la boule au ventre à l’idée d’affronter votre boss ? Vous avez l’impression de marcher constamment sur des œufs, de subir des critiques incessantes, d’être rabaissé ou ignoré malgré tous vos efforts ? Si ces situations vous sont familières, vous êtes probablement victime d’un management toxique.
Les conséquences de ces comportements néfastes sont multiples et désastreuses, non seulement pour les employés mais aussi pour l’entreprise toute entière. Mais alors face à un manager toxique, que faire ? Faut-il courber l’échine en attendant que ça passe ? Rentrer dans le lard ? Ou partir en claquant la porte ?
Dans cet article, nous allons vous donner des clés pour identifier les différents profils de manager toxique, vous expliquer les mécanismes qui les sous-tendent et vous proposer des pistes concrètes pour vous protéger et reprendre le contrôle de votre vie au travail.
À quoi reconnaît-on un management toxique ?
Un manager toxique est un responsable qui abuse de sa position hiérarchique pour rendre la vie professionnelle de ses collaborateurs infernale. Vous avez peut-être déjà été confronté à ce type de supérieur ou en côtoyez un actuellement ? Sachez identifier les différents profils de managers toxiques pour mieux vous en prémunir.
Voici les cas les plus fréquents :
- le tyran : il aime dominer, humilier, faire culpabiliser. Il mène la vie dure à tout le monde, s’attribue tous les succès et ne remet jamais en question ses méthodes brutales. Ce type de manager est souvent une cause perdue car très difficile à raisonner.
- le compétitif : il en demande toujours plus, est obnubilé par la performance. Refusant de se laisser dépasser, il transforme tout en compétition qu’il essaie de faire passer pour un challenge stimulant. Mais cette course effrénée à la productivité se fait au détriment de la qualité de vie au travail et de la santé de ses équipes.
- l’imprévisible : il vous contacte à n’importe quelle heure, modifie les priorités et les exigences en permanence. Il exige un rapport ou votre présence à une réunion sans considération pour votre agenda déjà surchargé. Impossible de lui faire confiance et de s’organiser. Il crée un stress permanent et pousse ses équipes au burn-out.
- l’obsédé du contrôle : il demande des points d’avancement bien trop réguliers, veut savoir en temps réel où vous en êtes et comment vous procédez dans les moindres détails. Bref, il ne vous accorde aucune autonomie ni confiance et vous empêche d’avancer efficacement dans vos tâches.
Par définition, un individu toxique l’est également pour lui-même. C’est par cette méconnaissance de qui ils sont que les managers toxiques instaurent des climats délétères là où ils passent. « Ce qui est toxique pour certains ne l’est pas forcément pour d’autres. Tout dépend du cadre de référence et des expériences passées de chacun. La toxicité est souvent le résultat d’une interprétation personnelle de comportements managériaux. » nuance Thibaud-Bernard Saint-Rapt, conseiller ASENSILE en bilan de compétences à Nantes. Il ajoute : « Un profil toxique cherche systématiquement à créer de la rupture. C’est une question de posture : le manager toxique veut rentrer systématiquement par son statut hiérarchique, quel que soit le débat. Ce n’est plus une question de compétence ou d’argumentation, mais uniquement de position dans l’organigramme. »
Face à un manager toxique, que faire ? 5 façons de se protéger
Cumuler les traces écrites
Cumulez les traces écrites, elles constitueront des preuves nécessaires en cas de litige. Confirmez systématiquement par mail ce qui est dit oralement. Prenez des notes en réunion, faites-les valider. Vous pourrez ainsi démontrer les changements de directives intempestifs ou souligner les communications contradictoires. Archivez soigneusement tous les écrits qui mettent en évidence les agissements toxiques.
Exemple : après une réunion, envoyez un compte-rendu écrit à votre manager en indiquant « Comme discuté ce matin, voici les actions que vous m’avez demandé de traiter en priorité cette semaine : 1)…, 2)… . Pouvez-vous me confirmer que j’ai bien noté vos instructions ? » Vous aurez ainsi une preuve traçable s’il change d’avis.
Garder son sang froid et un ton neutre
Les pervers narcissiques se nourrissent de vos émotions et de vos failles. Ne leur donnez pas ce plaisir. En toute circonstance, adoptez une attitude factuelle et un ton neutre. Face à des attaques, invitez votre interlocuteur à clarifier ses propos.
Exemple :
Manager : « Qu’est-ce que c’est que ça ? ce n’est pas du tout ce que j’avais demandé. »
Vous : « Pouvez-vous me dire précisément ce qui vous semble incorrect et ce que vous attendez ? »
En le forçant à verbaliser, vous mettrez en lumière ses raisonnements irrationnels. Contrôlez vos nerfs, ne lui donnez pas la satisfaction de vous voir craquer.

Poser ses limites
Votre boss vous envoie des consignes à 22h pour une présentation à finaliser pour 9h le lendemain ? Attendez le matin pour répondre poliment : « J’ai bien reçu votre mail hier soir mais comme c’était en dehors de mes heures de travail, je n’ai pu le prendre en compte que ce matin. Je vais faire de mon mieux pour intégrer vos demandes de dernière minute mais la présentation risque d’être moins aboutie que prévu. À l’avenir, merci de m’envoyer vos instructions pendant les horaires de bureau pour que je puisse les traiter dans les temps. »
S’il exige une nouvelle tâche urgente au détriment d’autres dossiers majeurs, proposez des arbitrages.
Exemple : « Je comprends l’importance du sujet X mais le fait de m’y consacrer à 100% m’oblige à mettre de côté les projets Y et Z qui étaient prioritaires jusqu’ici. Que souhaitez-vous que je traite en premier ? »
Vous souhaitez apprendre à développer vos compétences pour mieux réagir en milieu professionnel ?
S’entourer d’alliés
Observez quels collaborateurs échappent à la vindicte du chef et essayez de comprendre leurs stratégies pour s’en préserver. Demandez-leur des conseils. Entourez-vous aussi de collègues qui subissent la même situation que vous pour vous épauler. Votre manager se montrera sûrement plus prudent s’il doit affronter un collectif soudé que des individus isolés.
Demandez également de l’aide aux équipes RH ou aux représentants du personnel. Elles pourront vous conseiller et intervenir pour rétablir un mode de fonctionnement plus sain.
Changer de poste ou d’entreprise
Si malgré tous vos efforts, vous vous sentez dans une impasse, si votre santé et votre équilibre mental sont en jeu, n’hésitez pas à prendre le large. Certains vous diront que c’est donner raison au manager toxique mais vous n’avez pas à sacrifier votre bien-être indéfiniment. Demandez une mobilité interne à votre DRH, même latérale, pour rejoindre une autre équipe. Sinon, activez votre réseau et passez en mode recherche pour trouver un nouveau travail. Vous ne devez pas culpabiliser de fuir un environnement délétère. Préservez-vous !
En parler à sa hiérarchie d’abord ? Pas forcément une bonne idée
« Aller directement voir la hiérarchie n’est pas toujours la meilleure solution. En fait, c’est même rarement une bonne idée » nous confie Thibaud-Bernard. « Vous risquez de vous retrouver face à un millefeuille d’interprétations différentes, et rien ne garantit la neutralité des personnes à qui vous vous confiez. »
Au lieu de cela, nous vous recommandons une approche plus mesurée, en commençant par en parler à votre cercle privé : « La solution, c’est d’abord d’en parler à vos proches, d’avoir une vision éloignée du sujet. Verbalisez librement votre situation dans votre sphère intime pour déterminer si vos impressions sont fondées. Une fois que vous avez recueilli plusieurs avis, vous pouvez commencer à ébaucher une stratégie. » Cette prudence s’explique notamment par le fait que la toxicité perçue résulte souvent d’une interprétation. « Les managers vraiment toxiques ne sont pas aussi visibles qu’on pourrait le croire, explique-t-il. Parfois, notre propre souffrance peut nous amener à ne voir que le côté négatif des choses. Il faut toujours se concentrer sur des circonstances et des événements précis plutôt que sur des impressions générales. »
Un management toxique détruit l’estime de soi et les compétences à force de critiques, de pressions et de manipulations. Pour rebooster votre confiance, vous pouvez réaliser un bilan de compétences. En faisant l’inventaire de vos forces et faiblesses avec un consultant RH neutre, vous remettrez les choses en perspective. « Le bilan de compétences n’est pas là pour vous donner raison, mais pour établir un diagnostic pluridisciplinaire » clarifie Thibaud-Bernard. « C’est l’occasion d’analyser objectivement les tenants et aboutissants de votre situation, au-delà des simples impressions. »
Cet exercice vous permettra aussi de définir un projet professionnel inspirant dans un contexte bienveillant.
En conclusion, subir un manager toxique n’est jamais une fatalité. Apprenez à repérer les signaux d’alerte, protégez-vous par des actes et des écrits et n’hésitez pas à solliciter de l’aide. Votre épanouissement au travail est en jeu. Avec de la méthode et du soutien, vous pouvez vous protéger au mieux de ces personnalités néfastes.